En 2017, une promesse de campagne appelée 100 % SANTÉ visait à éviter le report d’un équipement dentaire, lunettes, prothèses auditives pour cause de reste à charge trop élevé pour certaines catégories de patients. Le point sur cette mesure dont le fonctionnement va progresser sur 3 ans.
Annoncée en juin 2018, sa mise en place pour les audioprothèses a débuté en 2019 par une double classification des équipements éligibles ou non au remboursement intégral pour 2021. Un cahier des charges qualité validé par les audioprothésistes et une amélioration progressive de la part remboursée par l’Assurance Maladie et les complémentaires ont aussi été mis en place dès le 1er janvier 2019.
Un trimestre plus tard, les chiffres de ventes dopés des audioprothèses montrent qu’un coup de pouce au pouvoir d’achat pourrait avoir décidé certains attentistes, du moins ceux aux besoins urgents et au budget serré.
Cependant, il faut s’interroger s’il s’agit d’un mouvement temporaire Euro-dépendant sans effet sur les causes annexes du non appareillage. Citons parmi ces causes : le tabou associant appareillage et vieillissement, le manque de connaissances sur les progrès technologiques ou l‘absence de soutien/coaching pour affronter l’habituation à un nouveau son.
À y regarder de plus près, la mesure économique a un bien deuxième effet . Elle a déclenché une forte communication événementielle des grandes chaines d’Audioprothèses ou des enseignes mixtes Optique-Audition. Certaines mutuelles ont aussi exploité l’effet 100 % SANTÉ pour proposer d’accélérer le calendrier de la mesure mais avec cependant des limitations et quelques polémiques auprès des autres professionnels. La mesure 100 % SANTÉ a probablement aussi convaincu certains patients, sensibles au sirènes du marketing.
Mieux encore, les campagnes de communication renforcées ont une nouvelle fois fait appel au témoignages de personnalités comme Alain Afflelou ou des actrices reconnues. Ce thème du témoignage pourrait avoir levé une partie des réticences psychologiques en associant glamour et appareil.
Reste un effet pervers, la progressivité sur 3 ans de la mesure économique. Celle-ci est susceptible de donner un nouvel argument de report à 2021 aux plus attentistes des patients. Le risque d’une aggravation de leurs troubles est alors possible. En effet, les études ont montré l’intérêt majeur d’un appareillage précoce dans la réussite de l’appareillage, avant l’oubli définitif de certains sons ou de troubles cognitifs. Mais, les données scientifiques et l’évocation de risques patients ne font pas recette dans la communication grand public.
Les premiers effets du 100 % SANTÉ sont déjà positivement constatés. Reste à surveiller dans le temps l’effet d’un meilleur remboursement en 2020 puis 2021 et aussi, l’importance de certains freins à l’équipement comme le déficit de coaching au premier équipement.
Source :
- Statistiques ventes audioprothèses SNITEM T1/2019 (6 fabricants)