L’apport possible des objets connectés dans la sélection du risque – L’habitation / L’entreprise

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Sommaire du Mémoire

1 — Comment les assureurs peuvent-ils utiliser les objets connectés pour mieux évaluer le risque ?
2 — Notions d’assurance et de risque
3 — La sélection du risque aujourd’hui – Les méthodes traditionnelles de calcul de prime
4 — La sélection du risque aujourd’hui – Les problématiques liées à la sélection du risque actuel
5 — L’apport possible des objets connectés dans la sélection du risque
6 — L’apport possible des objets connectés dans la sélection du risque – L’automobile
7 — L’apport possible des objets connectés dans la sélection du risque – L’habitation / L’entreprise
8 — L’apport possible des objets connectés dans la sélection du risque – La santé
9 — Les freins liés à l’utilisation des objets connectés – Les réticences des assurés
10 — Les freins liés à l’utilisation des objets connectés – Les réticences des assureurs
11 — Conclusion
12 — Bibliographie

6Comme nous l’avons vu précédemment les objets connectés permettent de prévenir les risques et les dommages pouvant être subis par les assurés et ce phénomène n’échappe pas à l’habitation. L’automatisation de certaines fonctions a permis à la domotique d’apporter son lot de praticité dans une habitation. Au-delà de son aspect pratique, la domotique contribue aussi à la prévention et à la maitrise des risques par les assureurs.

La maison connectée est le futur de l’assurance multirisque habitation. Les experts estiment que 70% de la population française serait équipé d’objets connectés en habitation d’ici 2020 en raison des avantages importants que génère leur utilisation notamment en termes de prévention des risques.

L’assureur, quant à lui, trouve son avantage dans l’approche plus personnalisée des risques que permettent les objets connectés situés dans l’habitation. En effet, l’enjeu principal pour les assureurs est d’anticiper la multiplicité des risques qui entourent l’habitation en adaptant une prime qui correspond à la criticité de ce dernier.

Ces objets connectés vont en effet permettre de diminuer les risques à travers la prévention du risque et la notification d’alertes mais vont également permettre à l’assureur d’ajuster sa prime en fonction des vulnérabilités de la maison.  

En effet, la multiplication des données émises par les objets connectés doit révolutionner le risque habitation tout comme le risque professionnel grâce à une approche plus personnalisée d’évaluation et de tarification des risques. La tarification plus personnalisée pourrait tenir compte des équipements de sécurité installés ainsi que des habitudes des assurés.

Les assureurs mettent aujourd’hui en avant leurs offres connectées en habitation dans une logique d’amélioration de l’expérience client. En effet, les assureurs vantent les mérites des offres connectées pour séduire de nouveaux prospects tout en fidélisant leurs assurés. Une autre approche consisterait à voir l’arrivée des objets connectés comme un bénéfice important pour leur gestion des risques grâce aux multiples informations que les offres connectées transmettent aux assureurs.

Améliorer la prévention des risques

La maison est le deuxième domaine dans lequel les assureurs, dans une logique de protection, peuvent avoir intérêt à placer des objets connectés.

Début 2016, AXA a lancé une offre de services destinée aux clients équipés ou désireux de s’équiper d’objets connectés afin que ces derniers puissent améliorer la protection de leur domicile contre les risques d’intrusion ou d’incendie. Cette application fonctionne comme un véritable « hub » intelligent pour prévenir des accidents domestiques et des intrusions. Ces équipements sont des caméras, alarmes, détecteurs de fumées, détecteurs de monoxyde de carbone, ampoules contrôlables à distance, prises intelligentes etc, permettant à tout moment et à distance de « garder un œil » sur sa maison en cas d’absence.

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Tous ces objets peuvent être contrôlés via l’application « Mon AXA » qui envoient également une partie des données à l’assureur ainsi qu’à un service annexe d’intervention d’urgence en cas d’apparition d’un des risques précités. Contrôlée à distance, la maison gagne clairement en sécurité avec ces objets connectés.

Il est intéressant de constater que de nombreux assureurs suivent cette logique d’amélioration de l’appréhension des risques en mettant en place des mécanismes visant à réduire les risques liés à l’habitation.

La Macif a, par exemple, développé en avril 2016 une nouvelle offre de télésurveillance, Macif Protect. Celle-ci est susceptible d’être vendue en service annexe avec l’assurance habitation de la Macif. Cette dernière dispose d’une centrale d’alarme, d’un détecteur de fumée, d’une application de commande à distance et d’un clavier de commandes.

De son côté, Groupama a développé en 2017 une offre de télésurveillance connectée, baptisée « box habitat ». Outre une amélioration de la sécurité du logement, celle-ci permet de détecter les risques d’incendies, de vols et pannes électriques, grâce à des capteurs installés dans le domicile de l’assuré.

Côté partenariats, les assureurs se sont liés avec plusieurs fabricants de systèmes domotiques visant à équiper leurs assurés. Allianz s’est, par exemple, associée à Nest Labs, une start-up spécialisée dans l’IoT, pour la fabrication d’un détecteur de fumée et de monoxyde de carbone connecté (Nest Protect) qui permet aux assureurs de diminuer les risques. Ainsi l’assureur pourra ajuster la prime en fonction du profil de l’assuré. Un assuré équipé d’un détecteur de fumée connecté est un profil moins à risque pour l’assureur.

L’ensemble de ces objets connectés permet donc aux assureurs de diminuer le nombre de sinistres et d’avoir ainsi une meilleure évaluation des risques. Les sociétés d’assurance auront tendance à augmenter la prime en s’adaptant en temps réel aux équipements de sécurité de leurs assurés et à contrario l’assureur pourra réduire la prime d’assurance habitation des assurés présentant des risques moins importants.

Mise en place d’une tarification dynamique

Comme nous l’avons vu précédemment, les sociétés d’assurance pourront grâce aux objets connectés adapter la tarification de l’assurance habitation aux moyens de prévention des risques pris par les assurés.

Une autre logique d’utilisation des objets connectés serait que ces derniers détectent en temps réel les vulnérabilités de la maison ainsi que les mauvaises habitudes et reflexes de leurs assurés. Ces objets connectés pourraient permettre une détection précoce des sinistres et des risques éventuels qui englobent l’habitation.

Cette tarification serait alors proportionnelle au risque réel, en s’adaptant quotidiennement à la réalité du risque ou encore en mettant en place des procédures d’évaluation des sinistres plus rapides et plus faciles. Pour ce faire, desprojets collaboratifs voient le jour comme celui de SquarePredict, un logiciel de service qui permet de valoriser les données DATA accumulées par les assureurs.

Le but de la mise en place de ce logiciel est de pouvoir estimer de la manière la plus efficiente possible l’impact d’éventuels dommages causés par un événement climatique, de prédire des sinistres incendies ou des dégâts des eaux.

Ce logiciel permettra également d’estimer le cout de remplacement des biens électroniques en cas de sinistre et de vol notamment (ordinateurs, téléphone, télévision…).

La branche risques industriels et risques de spécialités du groupe d’assurance (AGCS) compte utiliser les compétences d’un logiciel qui exploite les données des objets connectés afin de renforcer ses capacités d’analyse des risques. Il s’agit pour l’assureur de transmettre aux logiciels l’apparition et la disparition de risques afin que le logiciel analyse et ajuste finement la couverture des risques en fonction de chaque type de profil client.

Là encore, le but est de passer d’une approche globale à une approche personnalisée des risques.Pour cela AGCS va équiper ses assurés qui le souhaitent d’un boitier qui permet notamment de mesurer le taux d’humidité dans l’habitation et de transmettre cette donnée à son assureur. Baptisé TH2O, le boitier pourra agir, là encore, sur la prime d’assurance en fonction du taux d’humidité de la maison.

Les assureurs peuvent également se servir des objets connectés pour connaitre les habitudes et reflexes de leurs assurés. En effet, dans la notion de risque intervient également la notion humaine. L’assuré prend-il l’ensemble des mesures visant à réduire les risques ?

L’assureur va donc étudier les habitudes et réflexes des assurés. Par exemple, les cas d’oublis fréquents de fermer les portes ou fenêtres, le nombre d’heures pendant lesquelles  la maison n’est pas occupée seraient analysés comme étant un facteur de risque de sinistres notamment en cas de vol ou dégradation de mobilier.

L’entreprise : Le cas du risque agricole

Comme nous l’avons vu le développement des objets connectés dans l’habitation est une véritable source d’amélioration dans l’approche des risques par les assureurs.

Les entreprises n’échappent non plus pas à l’accentuation de la multi-détention d’objets connectés pouvant améliorer l’appréhension des risques par les actuaires.

Dans le domaine agricole, par exemple, les objets connectés peuvent révolutionner l’approche des risques par les assureurs.

En effet, les objets connectés se révèlent être d’excellents outils en matière de gestion des risques agricoles.  Une adaptation des contrats multirisques au regard des mesures de prévention prises et une conduite quotidienne du risque sont aujourd’hui possibles, procurant ainsi d’importants avantages tant à l’exploitant qu’à la société d’assurance.

C’est « The Climate Corporation », qui a en premier proposé une assurance connectée pour les risques agricoles. Afin de ne plus reposer sur la seule logique d’utiliser les données historiques pour cerner le risque, l’assureur a mis en place un nombre importants de capteurs, drones et caméras qui collectent un nombre important d’informations afin d’évaluer le risque.

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Ces analyses qui s’appuient également sur le big data permettent d’améliorer la gestion des risques en analysant les évènements internes (traitements, conditions d’entreposage ou de manutention…) et externes (conditions climatiques, qualité de l’air, maladie…).

L’assureur peut ainsi, à travers cette approche du risque, évaluer le juste montant de prime nécessaire pour faire face à ses engagements en cas de sinistre, tout en permettant à l’exploitant d’améliorer sa production en minimisant les risques de mauvais rendement.