La sélection du risque aujourd’hui – Les méthodes traditionnelles de calcul de prime

AccueilMémoiresComment les assureurs peuvent-ils utiliser les objets connectés pour mieu [...] → La sélection du risque aujourd’hui - Les méthodes traditionnelles de calcul de prime

Sommaire du Mémoire

1 — Comment les assureurs peuvent-ils utiliser les objets connectés pour mieux évaluer le risque ?
2 — Notions d’assurance et de risque
3 — La sélection du risque aujourd’hui – Les méthodes traditionnelles de calcul de prime
4 — La sélection du risque aujourd’hui – Les problématiques liées à la sélection du risque actuel
5 — L’apport possible des objets connectés dans la sélection du risque
6 — L’apport possible des objets connectés dans la sélection du risque – L’automobile
7 — L’apport possible des objets connectés dans la sélection du risque – L’habitation / L’entreprise
8 — L’apport possible des objets connectés dans la sélection du risque – La santé
9 — Les freins liés à l’utilisation des objets connectés – Les réticences des assurés
10 — Les freins liés à l’utilisation des objets connectés – Les réticences des assureurs
11 — Conclusion
12 — Bibliographie

Dans cette partie nous verrons que l’évaluation du risque réside aujourd’hui essentiellement sur les principes d’actuariat et de partage du risque, qui permettent de mettre en place un système de mutualisation des risques.

Les principes actuariels

La principale caractéristique qui différencie le fonctionnement de l’assurance d’une autre activité économique est l’inversion du cycle de production. Contrairement à la situation classique où le producteur d’un bien connaît le coût de production et peut en conséquence mettre aisément en place un prix de vente pour son bien en adéquation, l’assureur demande une prime d’assurance à l’assuré sans connaître la date de réalisation ni le montant réel des sinistres que l’assuré est susceptible de subir.

Afin d’évaluer les proportions de réalisations des risques, les assureurs font appel aux actuaires. Historiquement, les études actuarielles sont apparues dès que s’est posé le problème d’organisation et de financement d’un système d’assurance.

Ce sont les actuaires qui vont évaluer les risques et leurs coûts, fixer les tarifs et surtout, surveiller les réserves financières. Ils vont alors constituer des provisions techniques afin de s’assurer que la société d’assurance soit en mesure de faire face à ses engagements vis-à-vis de ses assurés.

L’actuariat s’appuie sur des modèles mathématiques (probabilités et statistiques) permettant de gérer au mieux l’évolution incertaine de l’environnement. Ils vont ainsi mettre en place des outils mathématiques sophistiqués afin d’évaluer le montant de la prime à demander à l’assuré, pour le protéger du risque et éviter les pertes pour l’assureur. Afin de cerner le risque, les assureurs cherchent à les objectiver, à les probabiliser. L’application de ces outils permet d’établir une meilleure anticipation des risques assurés.

Certains des modèles sont très simples, consistant en la mise en place d’une seule formule mathématique. D’autres modèles, tels ceux utilisés pour tester la capacité d’un assureur à affronter une série de scénarios défavorables, peuvent être extrêmement complexes.

La loi des grands nombres

Les calculs actuariels se basent essentiellement sur la loi des grands nombres. Cette loi indique que, lorsque l’on fait un tirage aléatoire dans une série de grande taille, plus on augmente la taille de l’échantillon, plus les caractéristiques statistiques du tirage tendent à se rapprocher de la moyenne attendue.

En termes d’assurance, cela veut dire que plus la mutualité est importante plus cette dernière sera en capacité de fournir une évaluation du risque “performante”.

Par exemple le risque de survenance d’un bris de glace était de 8 chances sur 100 en 2016 (Source FFA), mais cette occurrence peut se voir fausser sur un faible échantillon d’assurés notamment en cas de mauvaise dispersion du risque par l’assureur.

Cependant la loi des grands nombres montre que si on répète l’expérience avec un échantillon beaucoup plus important, la survenance d’un bris de glace subi par un individu se rapprochera automatiquement de la fréquence attendue, à savoir une occurrence de 8 chances sur 100. Les prévisions des actuaires s’appuient donc en partie sur la loi des grands nombres qui rendent leurs probabilités efficientes sur un échantillon important.

Cette prévisibilité globale permet aux assureurs de prendre des risques qui sont imprévisibles au niveau individuel et d’en étaler les conséquences financières sur un grand nombre d’assurés à travers les primes perçues : c’est ce que l’on appelle la mutualisation des risques.

Quantification d’un sinistre potentiel à travers le SMP et le SRE

Toujours dans une logique d’appréhension du risque, les actuaires sont amenés à calculer pour chaque risque, l’indemnité potentielle que devrait verser l’assureur en cas de sinistre.

Ces calculs mis en place par les actuaires notamment pour les risques importants (risques industriels) ont pour but de déterminer le montant global que peuvent atteindre les dommages de toute nature d’un évènement accidentel.

  • SRE : Sinistre (potentiel) Raisonnablement Escomptable

C’est la perte susceptible de se produire dans les conditions normales d’activité, quelle que soit l’origine du sinistre. Dans cette hypothèse, on admet que tous les moyens de protection et de prévention sont opérationnels et que les meilleures conditions sont réunies pour combattre le sinistre.

  • SMP : Sinistre Maximum Possible

Scénario catastrophe. C’est le sinistre qui peut survenir lorsque, les circonstances les plus défavorables se trouvant exceptionnellement réunies. Pour cela les actuaires intègrent tous les capitaux garantis par leurs contrats en évaluant l’indemnité maximale qui peut être mis à la charge de l’assureur.

Ces deux références vont permettre à l’actuaire de quantifier la survenance de l’aléa.

Les actuaires se doivent également de contrôler la gestion des fonds considérables recueillis par les entreprises d’assurances.

Partage du risque

Les statistiques utilisées par les actuaires s’appuient sur les données du passé. Des séries noires (tempêtes, inondations…) peuvent venir mettre à mal les prévisions des actuaires. Cette variation du risque est une donnée primordiale à prendre en compte pour l’assureur car son bilan en dépend fortement.

L’assureur se doit donc de se protéger de cette variation du risque en instaurant des mécanismes de partage du risque telle que la réassurance ou la coassurance.

La réassurance est l’assurance des sociétés d’assurance. Parfois appelée assurance secondaire, il est important de préciser qu’elle ne peut exister sans l’étape préliminaire du transfert de risque que représente l’assurance primaire. Il s’agit ainsi pour la société d’assurance (la cédante) de céder à une société spécialisée (le réassureur) un risque aléatoire contre le paiement d’une prime de réassurance correspondant au risque transféré.

En se réassurant, la cédante dispose alors d’une plus grande capacité et sureté financière ce qui lui permet d’élargir ses possibilités de souscription, ce qu’elle n’aurait pu faire si elle s’était appuyée uniquement sur ses seuls fonds propres.

Pour la compagnie d’assurance, la réassurance est donc l’un des moyens permettant :

  • de protéger ses fonds propres et sa marge de solvabilité ;
  • de réduire l’exposition des risques souscrits ;
  • de les répartir selon différentes techniques.

On distingue plusieurs branches et sous-branches en réassurance. Elle se décline en trois grands modes de réassurance (obligatoire, facultative et facultative-obligatoire) qui peuvent eux-mêmes s’adapter aux risques de chaque contrat (excédent de sinistre, excédent de pleins, excédents de perte, quote-part)

Les réassureurs couvrent en général des risques avec des garanties très importantes. Ils éprouvent donc le besoin d’atomiser (division du risque) leurs risques encore plus que les assureurs.

En plus de concourir à la bonne répartition des risques, la société de réassurance intervient discrètement : la cession en réassurance est juridiquement transparente pour l’assuré.

Un autre mécanisme important à prendre en compte est le principe de coassurance qui va également permettre à l’assureur de partager le risque. En effet le système de coassurance repose sur la participation de plusieurs assureurs ou réassureurs au même risque. Elle permet notamment au même titre que la réassurance de ne pas mettre en péril la solvabilité de l’assureur ou l’équilibre technique d’une branche.